Sencha de Mimasaka, Ryôfû

Voici un sencha de Mimasaka, ce n'est pas au sein de ma sélection que qu'on pourrait appeler un très grand cru, mais il s'agit simplement d'un bon sencha, avec suffisamment de force et de personnalité, un coup de cœur en fait.
Même pour les amateurs de thé japonais avertis, il est possible qu'il soit nécessaire d'expliquer ou se trouve Mimasaka. Cette zone de production se situe dans le nord-est du département de Okayama, au nord de Bizen plus faire simple. En effet, le département de Okayama est en effet bien plus connu pour ses poteries de Bizen, la légende de Momotarô et les pâtisseries appelées kibi-dango, ou même pour les fanatiques de mode, son denim de haute qualité. Pourtant, Mimasaka, la zone de Kaita en particulier, est une région productrice de thé depuis l'époque d'Edo. Aujourd'hui, si le Mimasaka bancha (feuilles bouillies et simplement séchées au soleil) semble plus connu, on y fabrique encore du sencha. Mais très peu connue, cette production est de moins en moins importante, et peu de producteurs trouvent de successeurs. Cépendant, M. Kurosaka tient, reprenant même dans la mesure du possible les plantations "abandonnées". Il exploite même un nombre relativement important de cultivars, et, en attendant ceux qui viennent seulement d'être plantés, c'est ce Ryôfû 涼風 qui l'a fait de l’œil. Malgré son nom, je ne pense pas que ce cultivar apporte à toute l'industrie du thé japonais un "vent frais", mais ce petit sencha est vraiment très sympa.
Voici la plantation fin septembre 2015:





Malgré un étuvage de 50s environ, les feuilles ne sont pas trop brisées, celles-ci sont parfumées, fraiches, un brun minéral, et sucrées, reflétant une torréfaction moyenne.
Ce thé donne facilement une petite touche tannique en première attaque qu'il s'agit d'arrondir un peu lors de l'infusion. Pour cela, en fonction de mes gouts et habitudes, j'utilise un ratio de feuilles un peu plus faible que d'habitude, 3.5 g, et un temps d'infusion court, 40 à 50 seconde pour pouvoir utiliser de l'eau pas trop tiédie, 85°C environ pour faire bien ressortir les parfums et arômes de ce cultivar.
 
Le parfum de la liqueur est chaleureux, sucré, légèrement tourbé, il évoque aussi très légèrement le cuir.
En bouche, en fonction de l'infusion on peu ressentir une attaque astringente très brève mais agressive, qui peut néanmoins être éviter tout en conservant une liqueur puissante. On y trouve un umami diffus, bien fondu parmi les arômes minéraux et comme des fruits confis. C'est un thé qui donne un doux after puissant, dans lequel on trouve des notes vertes jusqu'alors absentes.

Les infusons suivantes confirment l'impression d'un thé assez brut, mais pas sans finesse, très riche surtout. Un sencha loin d'être parfait mais qui donne beaucoup de lui-même, qui réussi à réjouir les sens avec bonheur. Les retours doux en bouche sont forts, faisant saliver avec délectation, et la longueur est au rendez-vous !
M. Kurosaka est un producteur avec qui j'aimerais pouvoir faire plus dans le futur.



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